Il y a des romans qui continuent de résonner fort en vous longtemps après que vous les ayez fermé. Les Désorientés d’Amin Maalouf est de ces livres-là. On garde à l’esprit des phrases entières – «De la disparition du passé, on se console facilement ; c’est de la disparition de l’avenir qu’on ne se remet pas.» Ou encore: «Le pays dont l’absence m’attriste et m’obsède, ce n’est pas celui que j’ai connu dans ma jeunesse, c’est celui dont j’ai rêvé, et qui n’a jamais pu voir le jour.» Adam est le personnage principal de ces Désorientés, il est exilé à Paris depuis un quart de siècle et reçoit un appel téléphonique provenant de son pays natal. C’est la femme de son meilleur ami d’enfance qui lui parle: «Ton ami va mourir. Il demande à te voir.» Il hésite, prend l’avion, et lorsqu’il pose les pieds sur le sol, il apprend que l’ami vient de mourir. Il finit par rester seize jours dans le pays qui l’a vu naître. Ce sont ces jours qu’Amin Maalouf raconte. Dans les 520 pages du roman, le mot Liban n’est jamais prononcé, ni Beyrouth, car là n’est pas l’essentiel, et c’est l’universalité de ces destins qui prédomine.   

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